
Qu’est ce qu’une agression sur un professionnel de santé ?
Une agression sur un professionnel de santé désigne tout acte de violence physique, verbale ou psychologique dirigé contre une personne exerçant une profession de santé dans le cadre de son activité, que ce soit à l’hôpital, en cabinet, à domicile ou dans tout autre lieu de soin.
Elle peut inclure :
- Violence physique : coups, bousculades, tentatives de blessure.
- Violence verbale : insultes, menaces, cris, propos humiliants.
- Intimidation ou harcèlement : comportements menaçants répétés, pression psychologique.
- Atteintes aux biens : dégradation de matériel, vol d’effets personnels ou professionnels.
Ces agressions peuvent être commises par des patients, leurs proches, ou d’autres personnes et ont des conséquences graves sur la santé mentale, la motivation et la sécurité des soignants.
Quelques chiffres sur les violences envers les professionnels de santé (France, 2023)
Médecins
- 1 581 incidents recensés en 2023, soit +27 % par rapport à 2022.
- Les médecins généralistes représentent 64 % des cas.
- Types d’agressions : agressions verbales (73 %), physiques (8 %), vols (8 %), vandalisme (7 %).
- Dans 62 % des cas, l’agresseur est le patient lui-même.
- Motifs fréquents : reproches sur la prise en charge (38 %), refus de prescription (19 %), attente jugée trop longue (10 %).
Infirmiers
- 66 % déclarent avoir été victimes de violences ; 73 % en ont été témoins.
- Formes de violence : insultes (75 %), menaces (45 %), coups (37 %), dénigrement (43 %).
- Causes : reproches liés aux soins (48 %), troubles cognitifs des patients (42 %), alcool/stupéfiants (23 %), temps d’attente (28 %).
Contexte général
- Environ 65 agressions signalées par jour.
- Services les plus exposés : urgences, psychiatrie, gériatrie.
- Les femmes médecins sont les plus souvent visées (56 %).
- Beaucoup de cas ne sont pas déclarés officiellement.
Pourquoi les agressions augmentent-elles ?
Depuis plusieurs années, les violences envers les soignants ne cessent d’augmenter en France. Derrière les statistiques se cache une réalité de plus en plus difficile pour celles et ceux qui prennent soin des autres. Médecins, infirmiers, aides-soignants… tous témoignent d’un climat devenu plus tendu, plus agressif, parfois même dangereux.
Cette montée de la violence s’explique d’abord par les failles de notre système de santé. Dans les hôpitaux comme dans les cabinets libéraux, les soignants sont débordés. Ils manquent de temps, de moyens, et parfois de personnel pour répondre dignement aux besoins des patients. Cette pression se ressent dans les couloirs des urgences, dans les salles d’attente, et jusque dans les visites à domicile. Face aux délais, aux refus de prescriptions ou à la frustration d’un suivi difficile, certains patients laissent exploser leur colère.
Mais au-delà des murs des établissements de soins, c’est aussi toute la société qui semble plus tendue. Le rapport à l’autorité, et en particulier à la parole médicale, s’est fragilisé. La crise du Covid-19 a amplifié cette défiance. Certains ne croient plus en la médecine, ou la jugent responsable de leurs maux. D’autres, poussés par la précarité, les troubles psychiques ou l’isolement, deviennent agressifs, parfois violents, sans que les soignants aient les moyens de se protéger.
Ce qui était autrefois exceptionnel devient trop souvent banal. Une insulte par ici, une menace par là, un coup de poing dans un service saturé. Beaucoup de professionnels ne déclarent même plus ces faits, par découragement ou par peur de ne pas être pris au sérieux. Et pourtant, chaque mot violent, chaque geste déplacé laisse une trace.
Les violences envers les soignants ne sont pas une fatalité. Elles sont le symptôme d’un système en crise, et d’un lien social qui se fragilise. Il devient urgent de protéger ceux qui soignent, en leur offrant non seulement des moyens, mais aussi du respect.
Que dis la loi ?
En France, l’agression d’un professionnel de santé est considérée comme une circonstance aggravante par la loi. Cela signifie que les sanctions encourues sont plus sévères que pour une agression ordinaire.
La justice considère que les soignants, comme les policiers ou les enseignants, exercent une mission d’intérêt général. Lorsqu’ils sont agressés dans l’exercice de leurs fonctions — que ce soit par des violences physiques, verbales ou des menaces — la loi prévoit un renforcement automatique des peines pour mieux les protéger.
Autrement dit, agresser un professionnel de santé, ce n’est pas seulement s’en prendre à une personne, c’est aussi s’attaquer à un pilier du service public. Cette reconnaissance vise à décourager toute forme de violence à leur encontre et à rappeler que ces actes ne resteront pas impunis.